Pouvez-vous vous présenter ? Quel est votre rôle au sein de la compagnie ?
“Je m’appelle Fidel Pastor Sanz, j’ai un parcours professionnel culturel. Et depuis quelques années, je me consacre entièrement au théâtre.
J’ai plusieurs casquettes, je suis le manager, c’est-à-dire que je suis la personne chargée de monter les dossiers de demandes de subventions par exemple. Je cherche, j’organise le travail avec les comédiens et en même temps, je fais l’adaptation des œuvres, je mets en scène.”
“Donc je suis un peu l’homme polyvalent, je suis le chef d’orchestre de toute une troupe.”
Quelle est l’histoire de votre compagnie ? Et pourquoi ce nom ?
“La compagnie a été créée il y a une quarantaine d’années, pour la chorégraphie d’une danseuse qui était inspirée d’une œuvre qui s’appelait la Mandragore, tirée d’une bande dessinée.
La Mandragore peut être une plante qui est soit bénéfique, soit maléfique. Elles poussaient au pied des gibets car on les disait fécondées par le sperme des pendus. Je trouvais donc le nom Mandragore très joli, et c’est pour cela qu’il a été choisi pour le nom de la compagnie.
Petit à petit, nous avons développé la compagnie en théâtre. Mais ce n’est pas du théâtre pur et dur, parce qu’il y a aussi de la danse, des chansons. Nous essayons de faire des spectacles dynamiques qui soient accessibles au plus grand nombre, parce que c’est aussi l’objectif de notre travail. Nous souhaitons nous adresser à un public qui n’est pas forcément enclin à aller au théâtre, pour lui faire découvrir des œuvres, mais aussi l’importance du théâtre.”
“Depuis quelques années, nous travaillons beaucoup sur le thème de l’altérité, de la lutte contre les discriminations, le thème de la monstruosité, de la différence. C’est ce qui nous porte et que l’on retranscrit dans nos pièces.”
Quelle est la chose que vous préférez le plus dans votre métier ?
“Le théâtre permet de travailler avec d’autres personnes et c’est ça qui me semble intéressant. Le fait de partager une idée, de convaincre des comédiens, des artisans de travailler sur le projet et ensuite de le porter ensemble. Par exemple pour la pièce Carmen, je n’ai plus l’impression que c’est mon projet, c’est celui de la troupe, de l’équipe.”
“Une fois que c’est créé, ça ne m’appartient plus.”
“Je trouve ça passionnant parce que tout ce qui est collectif permet d’enrichir une œuvre de départ, moi tout seul je ne pourrais pas le faire. Et c’est donc le partage qui me donne envie de continuer.”
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre projet actuel Carmen ?
“Cette pièce est basée sur la nouvelle de Prosper Mérimée. Elle raconte l’histoire de José et Carmen. Pour résumé, José tombe follement amoureux de Carmen et tellement, qu’il veut se l’approprier. Cette jalousie finit par étouffer Carmen qui a besoin de liberté car c’est une gitane. Elle préfère donc le quitter, mais José s’obstine à l’aimer jusqu’au moment où il la menace et la tue.
Dans notre adaptation, on s’éloigne un peu de l’esprit Mérimée puisque Carmen n’est plus tellement victime. Nous avons souhaité appuyer sur l’émancipation de la femme, le souhait de liberté qui à l’époque était mal perçu, mais également la notion de consentement.
Notre adaptation est donc beaucoup moins sombre que l’originelle, même si elle ne se termine pas très bien non plus.”
Où pouvons-nous retrouver la compagnie ? Quelles sont les prochaines dates ?
“À partir du 15 novembre jusqu’au mois de janvier, nous jouerons tous les vendredis à 19h au théâtre Montmartre Galabru à Paris. Et peut-être à l’international plus tard ? Qui sait ahah.”