Interview

Interview – Clémentine Niewdanski et Elya Birman, Compagnie Livsnerven

18 mars 2021

Qui êtes-vous ?
Pouvez-vous nous présenter la compagnie Livsnerven ?

Clémentine : ”Bonjour, je m’appelle Clémentine Niewdanski, je suis comédienne depuis environ 15 ans. J’ai été formée à l’école Claude Mathieu et j’ai travaillé avec plein de compagnies différentes. »

Elya :  “Bonjour, je m’ appelle Elya Birman, je suis comédien. J’ai un parcours un peu plus académique que Clémentine ; j’ai fait le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique, ensuite j’ai été comédien permanent au CDN de Sartrouville, puis, à mon retour de Suède, nous avons eu l’idée de créer la Compagnie “Livsnerven” qui signifie “Nerf de la vie”. En Suède, comme j’y ai joué 7 mois, j’ai pu y éprouver une grande liberté de jeu et de proposition et j’avais envie de retrouver cette même liberté dans le théâtre français aujourd’hui.”

Clémentine : “La compagnie a été créée en 2016, elle est basée à l’île d’Yeu en Vendée. On a déjà créé deux spectacles : le 1er, “Les Fâcheux” de Molière, où on était trois comédiens sur scène et on jouait tous les personnages de la pièce. Le deuxième spectacle, c’était “Les Travailleurs de la mer”, une adaptation du roman de Victor Hugo. C’est une pièce que l’on a jouée avec le soutien de la région Pays de la Loire notamment pendant le festival d’Avignon en 2019. 

Pièce, où je suis à la mise en scène et Elya joue seul sur le plateau, il est donc à la fois le narrateur et tous les personnages du roman. Ce spectacle, que l’on a présenté en 2019, avait une belle tournée de prévue en 2020 et 2021…  ensuite la crise sanitaire est passée par là…”

Elya : “En tout, on a dû jouer cette pièce, une trentaine de dates. On a également des petites formes que l’on fait tourner, notamment “Une perle au fond du précipice”. Plus globalement, avec la compagnie, on essaie de travailler sur des textes de grands auteurs, de grandes écritures et de les donner de la manière la plus directe, vitale et essentielle.” 

Quels sont les projets de la compagnie ?

Clémentine : “D’une part, nous aimerions que la tournée de la pièce “Les travailleurs de la mer” puisse quand même avoir lieu. On est en train de travailler avec les théâtres pour trouver les dates de report.

D’autre part, nous sommes actuellement en pré-production pour le prochain spectacle. Cette fois-ci, ce sera une écriture beaucoup plus contemporaine. On ne peut pas encore vous donner le nom de l’auteur, car nous sommes au tout début de la construction du projet mais, en tout cas,  ce que l’on peut vous dire, c’est que c’est une autrice française contemporaine qui a vendu beaucoup d’exemplaires de son dernier roman…”

Elya : “C’est un projet plus ambitieux, car la pièce sera plus longue et il y aura plus de comédiens sur le plateau. Un gros projet, qui se construit petit à petit. Nous avons déjà deux coproducteurs, mais nous avons encore besoin de plus.”

Clémentine : “Normalement, il y aura 6 comédiens et un musicien sur scène. Nous aimerions pouvoir faire une lecture pendant le festival d’Avignon (s’il a lieu haha), à destination des professionnels pour trouver plus de coproducteurs car c’est un spectacle qui va nécessiter un budget assez conséquent. Pour le moment, on part sur une co-mise en scène avec Elya et moi, et on serait également tous les deux sur le plateau.” 

Elya : “ Si le budget nous le permet, je me mettrai cette fois, à la mise en scène, car c’est un projet qui me tient particulièrement à cœur.”

Qu’est-ce que vous préférez dans votre travail ?

Elya : “Pour ma part, il y a deux choses que j’aime particulièrement. La première, c’est le travail de création. C’est un moment difficile où on se creuse la tête, à faire des adaptations, à essayer des choses sur le plateau, à trouver des idées… Parfois il y a des moments vertigineux, où on trouve des idées fortes et on voit que ça fonctionne tout de suite. Par exemple pour “Les travailleurs de la mer”, en une seconde, on a eu l’idée, avec la scénographe, de construire avec des échelles et des morceaux de bois, un bateau. Le spectacle a alors commencé à ce moment-là.

Et la deuxième chose, une fois que je joue, c’est de reprendre avant chaque représentation, chaque détail de jeu, chaque millimètre et de les travailler jusqu’à la prochaine présentation. J’aime beaucoup retravailler ces détails, car c’est très précis et on voit le résultat tout de suite.”

Clémentine : “Moi je dirais – sûrement car ça me manque beaucoup en ce moment – les moments de tournées. Ce sont des moments que j’aime particulièrement, car on découvre des endroits surprenants et surtout, ça permet de pouvoir aller à la rencontre des gens et de partager une aventure commune.Par exemple avec la pièce “Les fâcheux”, on avait fait de la décentralisation avec la Comédie de Picardie, le spectacle se jouait partout, et c’était l’occasion de rencontrer des gens qui n’avaient pas l’habitude d’avoir des propositions culturelles. Les moments d’écoute, d’émotion et de partage étaient inoubliables. C’est dans ces moments-là qu’on se dit que le théâtre peut vraiment servir à quelque chose.”

Qu’est-ce qui vous inspire en ce moment ?

Elya : “J’ai l’impression que l’on arrive un peu à la fin d’une époque… d’un seul coup,  tout est en train de changer. Il y a des paroles intelligentes et assez révolutionnaires qui se disent et qui s’écrivent, même des paroles très engagées, et pour le coup, en ce moment particulièrement, ces paroles politiques prennent tout leur sens et peuvent devenir théâtrales et artistiques. J’essaie de les accumuler afin d’envisager une forme théâtrale possible.”

Clémentine : “C’est vrai qu’on arrive dans une période où on se dit qu’il va falloir lutter et que le théâtre va peut-être servir à ça. Ces derniers jours, on sent qu’il va quand même falloir se battre pour que la culture puisse continuer à exister.”

Quel est le meilleur moment de votre journée ? 

Clémentine : “Pour ma part, c’est le matin, quand je me mets au travail et que j’ai l’impression que j’ai tout le temps devant moi et que je vais pouvoir faire plein de choses (ma liste est souvent très longue haha). Les journées passent toujours très vite et on ne fait même pas la moitié de ce qu’on devait faire. C’est pour ça que j’aime vraiment bien le matin, car il y a une énergie, qui chez moi, est plus présente que le soir.”

Elya :  “Moi c’est l’inverse haha ! J’aime beaucoup le soir parce que c’est le moment où je peux me poser, réfléchir, lire et envisager des choses pour la suite !”

Un dernier mot pour nos lecteurs ? 

Elya : “Une phrase que j’aime beaucoup et que j’ai entendue dans les enregistrements des cours de Michel Bouquet au Conservatoire : “Quand tout va mal,  tout va bien, avec un travail à faire”.”

Clémentine :  “Oui, c’est vraiment ça, c’est l’idée de rester actif, d’être courageux et de se dire qu’on va sortir un jour de ce long tunnel et que ce sera bien après.”

You Might Also Like