Qui êtes-vous ? et le collectif Eskandar ?
“Bonjour, je suis Agathe Jeanneau, administratrice de production depuis 2005. Pendant longtemps, j’ai été permanente d’une seule structure puis après 12 ans, j’ai fait le choix d’arrêter et de travailler, pendant un temps avec différentes équipes artistiques en même temps, majoritairement dans le théâtre. C’est d’ailleurs comme ça que j’ai rencontré le collectif Eskandar ! En juin prochain, cela fera 3 ans que je travaille avec eux.
Le collectif a été créé en 2015 par Samuel Gallet, auteur dramaturge et Pierre Morice, comédien. C’est un collectif qui rassemble à la fois des auteurs, des musiciens, des comédiens et des dramaturges, un collectif multi-discipline.”
Quels sont les projets du collectif pour 2021 ?
“On est actuellement en période de création, avec un spectacle qui s’appelle “Conjuration”. C’est une idée qui est née avant la pandémie, mais qui finalement tombe plutôt pas mal… L’équipe est composée de deux auteurs, deux comédiens, deux musiciens et de deux techniciens. L’idée, c’est de créer, sur un territoire, plusieurs objets scéniques et autres rituels pour conjurer les temps obscurs.
Notre équipe arrive sur un territoire, qui peut être rural ou urbain, rencontre des gens, et leur pose des questions sur leur rapport à l’apocalypse, à la fin du monde, et notamment avec en perspective les catastrophes climatiques, qui sont quand même très prégnantes dans notre société contemporaine. La crise sanitaire, arrivée au moment de la création, fait également partie des questionnements.
Nous interrogeons également les gens sur leur rapport à la nature, aux animaux, à la faune et à la flore, dans leur quotidien et dans leur vie… qu’est-ce qui pourrait leur manquer, ou quel serait leur souvenir ému de tout ça. A partir de tous ces témoignages, les auteurs et musiciens commencent à écrire et produire des textes, des chansons, qui seront ensuite présentés dans ce qu’on appelle “la conjuration”. En fin de semaine, on invite les gens à venir conjurer avec nous cette fin du monde.
Les témoignages recueillis vont évidemment inspirer les auteurs, mais il y a aussi toute une partie de revue de presse internationale pour remettre des choses en perspective, notamment avec les climatosceptiques… L’équipe se promène aussi sur le territoire pour avoir ses propres sensations et émotions face à celui-ci.
Ce projet est avant tout, très joyeux, humaniste et poétique. ”
Qu’est-ce qui vous fait rire dans l’actualité ?
“Haha, à priori pas grand-chose, mais finalement en prenant un peu de recul, il y a quand même des choses qui sont assez incompréhensibles et qui échappent au bon sens et à la logique. Des situations absurdes, qui finissent parfois par me faire rire (c’est surtout un rire jaune), par exemple, le fait de pouvoir aller dans des supermarchés, mais de ne pas pouvoir se rendre dans des salles de cinéma, de spectacle ou encore des musées…
En observant tout ça, je me dis que finalement, il faut bien garder un petit peu d’humour parce que le moral est mis à rude épreuve.”
Qu’est-ce que vous préférez dans votre travail ?
“Sans aucun doute, le dialogue artistique ! Le fait d’être au cœur de la conception d’un projet, d’un spectacle, d’un objet artistique avec les équipes. C’est pour moi, ce qui donne du sens au travail que je fais. J’ai été comédienne, et je ressens le besoin de me nourrir artistiquement et intellectuellement.
C’est vraiment la lumière artistique qui me réjouit et m’intéresse le plus, par exemple, de pouvoir parler à un metteur en scène, de voir où il en est dans son travail, quelles sont ses envies, ses objectifs vis-à-vis de son prochain projet, mais également de décider ensemble de qui pourraient être les bons partenaires…
Il y a également une autre satisfaction, celle d’avoir son budget équilibré haha, que les équipes soient payées à temps et qu’on réussisse à défendre ça, surtout en ce moment !”
Qu’est-ce qui vous inspire en ce moment ?
“Plein de choses ! Je me réfugie beaucoup dans la lecture, énormément même, et pas forcément dans le théâtre.
Sinon à côté de mon activité de production, j’anime tous les dimanches soirs une émission de radio sur une antenne associative. L’émission s’appelle “Bonjouir”, ça laisse présager du sujet haha, une émission sur la sexualité et le plaisir. C’est tellement en distance de mon travail que cela me permet beaucoup de liberté et de m’échapper de ce milieu qui souffre beaucoup en ce moment.
Cette activité me permet de m’évader et ça me fait beaucoup de bien. Je crois d’ailleurs que ça m’a vraiment sauvé cette année parce que ça m’a permis de retrouver de l’inspiration, de l’oxygène et de ne pas trop subir ce climat qui est compliqué.. les reports, les annulations, les re-reports, les re-re-annulations, c’est dur de retrouver du peps et l’énergie de pouvoir réinventer à chaque fois.”
Un dernier mot pour nos lecteurs ? 💛
“Tenons le coup ! Il faut se dire que cette crise aura une fin, que ça ne va pas durer éternellement et gardons en tête, qu’on va réussir un jour à retrouver des façons de travailler, qui ne seront pas forcément celles d’avant, mais en tout cas, retrouver une forme de confort dans le travail. C’est peut-être parfois aussi dans les moments de crise, l’occasion de se réinventer. Et avant toute chose, continuons à avancer !”
